Gros plan : quelles sont les possibles conséquences d'un crash pétrolier ?
L' OPEP ne diminue pas la production
Les douze pays exportateurs de pétrole de l'OPEP ne vont pas diminuer leur production pour l'instant. Ils continuent de livrer leur 30 millions de barils par jour. Cela a été décidé le 27 novembre à la conférence de l'OPEP à Viennes. Les conséquences ne se sont pas faites attendre. Le prix d'un baril de pétrole de la Mer du Nord (Brent), qui sert de point de référence pour le commerce pétrolier et qui avait déjà fait une chute de 30% avant la conférence (de 115$ à 80$ le baril), a encore baissé pour atteindre 71,13 $.
Brent, graphique en mois
Le graphique en mois illustre la situation de crash actuelle sur le marché pétrolier. Alors que le prix d'un baril de pétrole avait été supérieur à 100$ pendant plus de trois ans, l'envergure des cours s'est concentrée pour former un triangle, ce qui aurait pu initialement être interprété comme une figure haussière. Mais alors que le prix ne parvenait pas à dépasser les 120$ au cours de 2013 et du premier trimestre de 2014, il a bien fallu se rendre à l'évidence : l'inverse était en train de se produire.
Un retrait technique intéressant pour les traders
De plus, nous avons eu à faire à une accélération du momentum en juillet, lorsque le Brent a percé le support inférieur du triangle. L'annonce de l'OPEP d'hier a finalement poussé le Brent vers un niveau de support, qui était important en 2009 - 2010, un peu au-dessus des 71 $ (ligne bleue supérieure). Il est naturellement fort possible qu'à partir de ce niveau, avec la participation d'un nombre suffisant de traders de contre-tendance, un contre-mouvement soit initié, ce qui pourrait ramener le cours à 80$. Cependant, cela ne sera vraisemblablement que provisoire. Les suiveurs de tendance pourront attendre ce retrait pour construire leurs positions à découvert.
De nouveaux plus bas?
Des prix beaucoup plus bas sont maintenant envisageables, alors que l'OPEP (lire l'Arabie Saoudite) sacrifie ses membres les plus "faibles", comme le Venezuela, le Nigéria et l'Equateur pour faire baisser les prix (des pays qui dépendent d'un prix du pétrole élevé pour la survie de leur économie). L'OPEP infligerait ainsi des dégâts considérables à son plus gros concurrent, à savoir les Etats Unis (voir article 1: Gros plan sur l'Arabie Saoudite). Il ne serait pas surprenant de voir des niveaux de prix aussi bas que durant la crise financière de 2008 et d'atteindre les 38 $ le baril (ligne bleue inférieure).
Des producteurs de pétrole en péril
Un certain nombre de pays producteurs de pétrole, qui n'appartiennent pas à l'OPEP, auront bien évidemment aussi des difficultés, si le prix du pétrole reste aussi bas à long terme. Dans un article précédent, nous parlions du Canada, dont la devise subit déjà une forte dévaluation (voir l'article Des turbulences sur le marché des devises, 4ème partie). Mais il y a aussi l'Australie dans une moindre mesure.
EUR/AUD, graphique en mois
Nous choisissons la paire de devises EUR/AUD comme alternative intéressante pour un trader de positions. La bougie du mois en cours (1,4654) est une indication d'une hausse possible des cours en direction de 1,60.
Le plus gros perdant est la Russie
Le plus gros perdant de ce crash pétrolier est sans aucun doute la Russie. C'est à se demander si la décision de l'OPEP de ne pas diminuer la production n'était pas un choix délibéré (en consultation avec les USA) pour nuire à l'économie russe. Le fait est que chaque dollar en dessous de 10 Dollars le baril coûte au gouvernement russe 2,3 milliards de Dollars de budget. Un grand nombre d'entreprises russes ont de sérieux problèmes. Ils ont de grosses dettes auprès des banques occidentales. Les réserves doivent donc y croire. En 1985 l'Arabie Saoudite avait augmenté sa production de pétrole de 3 à 8 millions de barils par jour. La conséquence : le cours du pétrole avait chuté de 30$ à moins de 10$ le baril. Trois ans plus tard, la Russie faisait faillite.
USD/RUB, graphique jour