Le pétrole brut (2)

Gros plan sur l'offre

Le brent en contango

Après presque 5 ans de faible volatilité (et donc peu d'opportunités pour les traders) la situation a changé drastiquement. Depuis cet été, le cours du pétrole baisse, avec de forts mouvements de tendance. Plus encore. La structure des contrats futures Brent, le pétrole européen, est depuis des mois en contango. Il s'agit d'une situation dans laquelle le prix d'un contrat future d'une échéance éloignée est plus élevé que le prix actuel. La situation inverse s'appelle backwardation et c'est la situation normale sur le marché du pétrole. Cependant, sous l'influence des coûts de stockage et d'assurance, un marché de futures peut se retrouver en situation de contango.

Le WTI est aussi en contango

Le deuxième contrat futures sur le pétrole, le WTI (West Texas Intermediate), de type américain, est également en contango depuis mi-octobre. Et il ne semble pas que ce soit une phase transitoire. La courbe de contango paraît bien ancrée. Cela pourrait avoir pour conséquence, par exemple, la clôture des positions sur ETF (Exchange Traded Funds) détenues par les traders d'indices. Ce type d'investisseurs, qui font du roulement de contrats futures, peuvent, en situation de backwardation, vendre le contrat le plus cher et acheter le contrat le moins cher. Mais cette stratégie ne fonctionne bien évidemment pas en cas de contango.

Du pétrole en quantité suffisante

Il n'y a actuellement pas de signaux significatifs d'un retournement de cette tendance. Au contraire. Il y a visiblement suffisamment de pétrole sur le marché et il n'y a pratiquement pas de pénurie dans les réserves mondiales. De plus, de nombreux opérateurs commerciaux ont dû hedger leurs stocks, de crainte que le niveau de support clef à 80$ sur le WTI ne résiste pas. Mais il y a un autre facteur essentiel qui pèse sur le cours du pétrole : le dollar ! La force de la devise américaine a fait chuter de nombreux marchés de matières premières ces derniers temps. L'or, l'argent et le pétrole n'en sont que les représentants les plus connus.

Le fracking augmente la production

Grace à la fracturation hydraulique (fracking) les Etats Unis produisent depuis 2011 2 millions de barils supplémentaires par jour. Selon l'AIE (Agence Internationale de l'Energie), 2 millions de barils se rajouteront dans les deux années à venir. L'abondance de pétrole met encore plus de pression sur les prix, mais pour l'économie mondiale c'est un signal extrêmement favorable. De plus, l'importation nette aux Etats Unis a baissé de 11 millions de barils par jour en 2007, à 8 millions en 2013. Ce n'est pas forcément une conséquence de la production par fracking, cependant. La consommation elle-même a baissé, en partie suite à la récession, en partie grâce au nouveau rendement énergétique, mais également grâce au changement de comportement de l'utilisateur.

La fin d'un marché haussier ?

Le plus grand pessimiste est très connu : il s'agit du trader Paul Tudor Jones (connu de Market Wizzards). Selon Jones nous devons compter sur une vraie tendance sur tous les marchés de matières premières qui peut durer jusqu'en 2020. Les cours des matières premières chutent dans le monde entier parce que nous sommes sur une tendance baissière dans le cycle des matières premières. Les cycles de matières premières durent environ 30 ans. 1999 en était le point le plus bas et 2011 le point culminant. Nous sommes à présent de nouveau sur la pente raide selon Jones.

 

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